On imagine habituellement la rencontre de l’Art et de la Justice incarnée dans une représentation allégorique sur les cimaises d’un musée. C’est, à Amiens, une toute autre proposition que le Palais de Justice a faite à l’Ecole d’Art et de Design. L’idée était d’ouvrir un dialogue entre deux mondes qui ne se connaissent pas. Leur seul point commun était d’imaginer l’autre dans son inquiétante étrangeté, et de le parer d’un pouvoir symbolique le rendant inapprochable. Ainsi se construisent certains rapports entre les humains… La proposition initiale apparaît rétrospectivement paradoxale, puisqu’il s’agissait de « faire tomber les murs » en offrant de les investir. Passé le moment solennel de la montée des marches du Palais et de la découverte des salles d’audiences, c’est avec ferveur que les élèves se sont attaqués, virtuellement, aux cimaises qu’on leur offrait. La générosité de leur production est là pour en témoigner. Il en restera quelques traces tangibles sur les murs du Palais, et nous l’en remercions. L’Art et la Justice se retrouvent réunis aujourd’hui sur ces pages qui présentent la totalité des projets réalisés. L’expérience des hommes et des femmes qui se sont rencontrés autour de ces projets s’en trouvera pour toujours un peu modifié.
Nathalie Devèze
Présidente de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design d’Amiens
Ce projet est avant tout une rencontre.
Pour les élèves de 4e année de l’Ecole d’Art et de Design d’Amiens, c’est une rencontre avec un univers singulier, celui du Palais de Justice, une rencontre avec les juges, les greffiers, les procureurs… les gens qui y travaillent au quotidien et ceux qui s’y rendent pour traiter leurs affaires personnelles.
Ensuite, c’est un projet pédagogique : d’une part, il s’agissait de concevoir une signalétique fonctionnelle sur la base d’un module de signalétique développé par l’atelier Intégral Ruedi Baur et, d’autre part, de proposer une intervention graphique et artistique plus libre et en cohérence avec le lieu.
Mené sur une période d’un semestre, cette initiative a permis aux étudiants de découvrir les différentes étapes de travail dans un projet de signalétique : l’état des lieux, l’analyse des flux, l’analyse des fonctionnalités et des besoins pour formuler une réponse adaptée au lieu et développer une posture critique.
Dans ce cadre sont nés ces projets qui rendent visibles le patrimoine historique, les différentes activités de l’institution, d’autres qui interrogent son fonctionnement et l’accueil des visiteurs.
Eva Kubinyi et Christina Poth,
designers graphiques, enseignantes
Les travaux réalisés par les étudiants de l’Esad seront exposés lors de la rentrée solennelle du 5 janvier 2017. (Invitations privées uniquement.)
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